mardi 31 août 2010

de l'art de bien choisir son maître

Je venais de faire part à Larry de ma lecture du Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc d'Eugen Herrigel (chez Dervy) qui relate avec une sobriété convainquante l'expérience de l'auteur, philosophe allemand, qui passa quatre ans au Japon auprès d'un maître de la pratique, lorsque je vis une petite lueur s'allumer dans son oeil. Fichtre, me dis-je, aurais-je réussi à l'intéresser au pur joyau que recèle cette branche du bouddhisme ?... quand il déclara : — Pour ma part, si je devais passer quatre ans avec un maître, je préfererais que ce soit un maître du tir au flanc. C'est ainsi avec Larry.

vendredi 27 août 2010

beauté de la langue

La langue est un organe invraisemblable. Bien à l'abri dans son palais, elle se déplace sans qu'autour on ne s'en doute. Je l'autorise à sortir un peu, du bout des lèvres, mais pas question de lui lâcher la bride, surtout quand le chat n'est pas loin. Elle tourne souvent en rond dans sa cachette, se colle au plafond, caresse l'ivoire des dents, s'alanguit, puis soudain, servante de grande habileté, elle s'agite rapidement pour aider à transmettre toutes mes paroles, comme si c'étaient paroles d'évangile. Parfois, elle doit simultanément réceptionner et traiter sans tarder des petits gâteaux. Je me demande si je l'ai suffisamment remerciée pour tout ce qu'elle fait pour moi dans l'ombre, fidèle, silencieuse et modeste.

mardi 24 août 2010

mon cousin Claude

Cousin Claude est très en forme, il va construire une maison. Je vais vite lui trouver un marteau, et une cloche pour sonner les repas, j'y mettrai tout mon coeur. Il chante qu'il veut une chanson aussi... Ne serait-ce pas là une sorte de koan ?

mercredi 18 août 2010

hors les pénates

Je m'absente quelque jours, mais je laisse la porte ouverte. Faites comme chez vous, ou comme chez moi. Pensez à nourrir les puces, sinon elles vont se faire la malle et mon ordinateur ne marchera plus quand je rentrerai. Quelques offrandes aux Pénates sont les bienvenues : noisettes, plumes, fruits, feuilles, fleurs, fluits, freuilles...

mardi 17 août 2010

difficile métamorphose du ver à soi

"La validation de l'existence de soi est notre préoccupation majeure : pratiquement tous nos actes, pensées ou possessions, y compris notre voie spirituelle, servent à confirmer son existence. C'est le soi qui craint l'enfer et aspire au paradis ; c'est encore lui qui craint la souffrance et adore les causes de la souffrance. Le soi part bêtement en guerre au nom de la paix. Il désire l'éveil mais déteste la voie qui y mène. Il veut travailler en socialiste et vivre en capitaliste. Quand il se sent seul, il aspire à l'amitié. Sa possessivité à l'égard de ceux qu'il aime prend la forme d'une passion susceptible de se muer en agressivité. Le soi a tôt fait de corrompre et de recruter ses ennemis supposés (les voies spirituelles conçues pour vaincre l'ego) afin de s'en faire des alliés. Sa maîtrise de la tromperie frise la perfection. Comme le ver à soie, le soi s'entoure d'un cocon ; à la différence du ver à soie, il ne sait pas en sortir."
Dzongsar Jamyang Khyentse : N'est pas bouddhiste qui veut. Nil éditions.

lundi 16 août 2010


Comme l'épouvantail, il lève les bras. Mais ensuite, il les lève encore plus haut : il est plus fort que l'épouvantail. Il montre les étoiles et aussi il danse. Il dit qu'il danse et qu'il montre les étoiles.

dimanche 15 août 2010

oh, un ami dans les tournesols me tend les bras !

"L'ignorance, c'est tout simplement ne pas connaître les faits, les connaître de manière erronée ou en avoir une connaissance incomplète. Toutes ces formes d'ignorance sont source de méprise, de mauvaise interprétation, de sur- et de sous-estimation. Supposons que vous cherchiez votre ami et que vous le voyiez au loin dans un pré. En vous approchant, vous découvrez que vous aviez pris à tort un épouvantail pour votre ami. Vous êtes forcément déçu. (...) Chaque fois que nous formulons une hypothèse, nous nous exposons comme une plaie ouverte. Les suppositions et les attentes qui dépendent de quelqu'un ou de quelque chose d'autre nous rendent vulnérables. À tout moment, l'une des innombrables contradictions possibles peut jaillir et saupoudrer de sel nos suppositions, nous faisant bondir et hurler."
Dzongsar Jamyang Khyentse : N'est pas bouddhiste qui veut. - Nil éditions, 2008.

samedi 14 août 2010

de l'insertion des vidéos fort en usage ces derniers temps sur ce blog supposé "chez moi"

C'est l'été, l'heure est à la paresse. À défaut d'écrire un billet, on invite des amis ou des gens de passage à faire coucou sur le site. Les gens de passage sont mieux tolérés que les gens du voyage, alors qu'au fond c'est la même chose. Nous sommes tous des gens de passage sur cette terre. Mais ces insertions de vidéos ne sont pas seulement question de paresse. Un blog est une sorte de chez soi. J'ai plaisir quand j'y rentre, outre à mettre mes chaussons, à fréquenter ces gens qui conférencent ou dansent ou ramassent des coquillages chez moi... Comment expliquer ? Je me sens avec eux. Krhikrhi, vous reprendrez bien un peu de thé ? Et vous François, plutôt une petite bière ?

jeudi 12 août 2010

histoire des clefs et du lampadaire

Une chouette blague est celle du type qui, dans la nuit, cherche ses clefs sous un lampadaire. Un autre arrive et lui demande ce qu'il fait là :
- Je cherche mes clefs.
- Vous les avez perdues par ici ?
- Non, mais c'est ici qu'il y a de la lumière.
C'est le problème avec les hommes papillons. Comment leur faire comprendre que leurs yeux vont s'habituer à l'obscurité ? Qu'au bout d'un moment, ils percevront les éléments cachés par l'insolente lumière du réverbère ? Que le territoire autour est immense, les nuances infinies et la pluie douce sur le visage ?

lundi 9 août 2010

atteinte à ma vie publique

Une information compromettante sur mon compte vient d'être publiée. Je me demande si on ne se trompe pas avec cette expression "atteinte à la vie privée". Ne devrait-ce pas être "atteinte à la vie publique" ? Car enfin, ce n'est qu'une image de la vie privée qui est donnée, la vie privée reste par essence privée, elle ne peut être modifiée, ni même atteinte. Strictement privée, elle ne peut obéir à aucune loi ni aucune morale autres que celles que je me serai forgées. C'est donc bien en réalité la vie publique qui est atteinte, une sorte de couche superficielle à laquelle je choisis de plus ou moins adhérer.

dimanche 8 août 2010

avis de philosophie pneumatique force 4

En raison d'un vent contraire soufflant en cette année 1744, la candidature de David Hume à la chaire de morale et philosophie pneumatique de l'Université d'Édimbourg est repoussée. Qu'est-ce que la philosophie pneumatique ? Elle a certainement à voir avec l'étude de l'âme, mais google m'a conduite à l'entreprise kubota qui revendique une certaine philosophie du pneumatique. Cela évoque cette merveilleuse technique du pneumatique, ancêtre rustique, à base d'air et de tuyaux, du courriel et du texto. On a pu aussi un moment utiliser le bleu pour communiquer son âme, quand parfois un simple regard suffit. Ce pourquoi je n'affectionne guère le téléphone, matériel anémique qui me fait sentir amputée, empotée, dépitée.

samedi 7 août 2010

Le manuscrit des Pensées de Pascal



La plume glisse sur le papier. Eviter de faire un pâté. Blaise lève parfois les yeux vers les étoiles, puis les abaisse. Le regard se perd alors dans les plis de la robe de chambre. Vous pouvez vous perdre dans les plis du manuscrit en affichant le mode plein écran proposé par la fée Gallica.

jeudi 5 août 2010

notre flash spécial vacances

Monsieur semble avoir pris quelque chose dans l'oeil. Au minimum un rayon de soleil, lequel soleil se prend un avion dans l'oeil... Monsieur et madame ont chaud, et pourtant c'est Tous frais compris. Remboursez. Madame ne s'est pas aperçu que monsieur a des soucis : il a les yeux sensibles et va rater le passage de l'avion qu'ils devaient prendre. Quand j'imagine des passagers monter dans un avion, je me demande si tel n'est pas pris qui croyait prendre.

mercredi 4 août 2010

formes et couleurs
illusion du mouvement
palpitation du coeur
indéfiniment

mardi 3 août 2010

la pesanteur et la grâce au Collège des Bernardins

"Si le titre de l’exposition est emprunté à une collection posthume des oeuvres de Simone Weil, c’est bien parce que les oeuvres des artistes rassemblés procèdent toutes, chacune selon ses modalités propres, de la conscience que la grâce ne s'atteint pas par une volonté héroïque mais par la soumission humble aux nécessités de la pesanteur. Ce que Simone Weil appelait l'effet de levier : Monter en abaissant. Il ne nous est peut-être donné de monter qu’ainsi". Photo : Simone Weil en 1936, en Espagne. Curieusement, de loin, les camarades de Simone ont l'air en lévitation.


dimanche 1 août 2010

les pièges du grège

J'ai croisé dans la rue une femme toute habillée de grège. Grège : comme un gros galet rond. Ce mot qui, enfant, me paraissait réservé aux adultes, et même aux professeurs agrégés, m'a toujours paru étrange, mélange de gris et de beige, aggrégat de graviers sur la grève. Je sais maintenant qu'il vient du latin greggia, qui désigne la soie brute. Il est en réalité bien plus animal que minéral, une secrétion baveuse d'insecte. J'ai l'impression d'avoir trouvé un crabe sous un galet : cela provoque toujours chez moi un peu d'affolement. Le bleu est plus reposant. Bleu ? Quel drôle de mot...