jeudi 30 décembre 2010

de cette sensation d'engourdissement

"Peut-être le monde nous intéressait-il lorsque nous étions enfants, mais nos parents nous ont appris comment nous y prendre. Ils avaient déjà mis au point un système pour vivre dans le monde et s'en protéger à la fois. À mesure que nous avons accepté le système nous avons perdu contact avec le monde. Nous avons perdu, il y a bien longtemps, la fraîcheur et la curiosité propres à l'enfance. Et maintenant, même si le monde est rempli d'une foule de choses, nous nous rendons compte que notre façon d'entrer en communication avec lui est quelque peu figée. La vue, l'ouïe, tous nos sens sont engourdis. Un peu comme si nous avions été drogués. La réalité du monde — l'éclat du rouge, la lumière du turquoise, la majesté du jaune et la force superbe du vert — n' a pas été vue comme il faut. Nous avons été endoctrinés ou nous nous sommes endoctrinés nous-mêmes. Cela a produit un engourdissement et, par conséquent, on ne perçoit pas le monde correctement."

mercredi 29 décembre 2010

chemin faisant, tête baissée

Sous mes pieds, le revêtement : d’abord des pavés (vieille ville), puis du macadam (rue), des pierres descellées (escalier), du goudron anthracite (avenue), des dalles grèges (terrasse), du métal rouge (escalier), les zébras du passage protégé, des lattes de bois (passerelle), des carreaux blancs non identifiés (parvis). La surface est humide ce matin, parfois givrée. Sous tout cela, de la terre, de la bonne terre meuble, incandescente en son noyau.

mardi 28 décembre 2010

un petit coucou en passant

Quelle bonne idée d'être passés ! Installez-vous, je vous apporte une tasse de thé. Vous pouvez ouvrir la fenêtre, écouter les oiseaux du jardin...

Découvrez la playlist comme dit l'oiseau avec Various

lundi 27 décembre 2010

vraiment tout un fromage, oyez

ll n'y a sans doute pas de quoi ameuter toute la population (ou alors ameuhter), mais le miracle du fromage, je ne peux pas le garder pour moi toute seule. Oyez, oyez : il a suffit de faire bouillir du bon lait cru, puis de laisser refroidir (50°), de mélanger un yaourt, de garder ensuite le tout à 25° (un radiateur complice) pendant 72 h, enfin d'égoutter dans un linge au frais pendant 24 h, pour obtenir le délicieux fromage que vous voyez là. Vraiment parfois la réalité dépasse de très loin la fiction (photo garantie sans trucage ni effets spéciaux).

samedi 25 décembre 2010

grande distribution de baguettes magiques

"Lorsque vous portez sur des situations ordinaires un regard extraordinaire, c'est comme si vous découvriez une pierre précieuse dans un tas d'ordures".
Ce regard extraordinaire est celui de l'absence d'a priori, absence de peur ou d'envie, absence de grille de lecture, absence de nomination, de conceptualisation, de vision utilitaire, absence de reconnaissance... un regard attentif, neuf et vivant. Inutile de courir chez l'ophtalmo pour faire aiguiser son regard quand c'est à soi-même qu'il faut donner rendez-vous. Le titre de ce billet était un peu attrape-nigaud, j'en conviens, il faut bien vivre avec son époque.

jeudi 23 décembre 2010

joie, équilibre et lucidité en infusions

Découvert sur le marché l'infusion Joie de vivre, très pratique, c’est vrai, à toute heure, incroyable comme on se complique la vie, comme on cherche midi à 14h quand il suffit de plonger un petit sachet de 2 centimètres carrés dans 20 centilitres d’eau chaude. La même gamme de produits propose La femme équilibre, remarquez que ce n’est pas La femme équilibrée, faut pas promettre la lune non plus. N’existe pas en version masculine, nul besoin sans doute. Enfin, le produit Lucidité, en boites de vingt infusettes, est à utiliser avec modération. Toutes ces perfections en poudre sont en vente pour 3 fois rien : là.

mercredi 22 décembre 2010

une énigme cousue de fil blanc

Ce jour-là, il avait neigé : tout était blanc, spacieux et respirable. Soudain Pooh s'était retourné et avait remarqué des traces de pas dans la neige. Cela l'inquiéta. Qui pouvait bien marcher juste derrière lui, quasiment en même temps que lui ? Piglet ne savait pas non plus, ce qu'il savait seulement c'est qu'il commençait à se geler les pattes et qu'il avait sérieusement envie d'un bol de chocolat chaud. Mais Pooh semblait si fasciné par cette énigme...

dessin de A. A. Milne

mardi 21 décembre 2010

en principe, un simple morceau de papier

Aujourd'hui mes amis, visite de la Galerie de Peacay, étage des papiers marbrés. Ne prêtez pas attention aux bruits étranges ni aux odeurs de mélange qui laisseraient supposer quelque mystérieuse vitalité, et si l'un d'entre eux fait mine de s'approcher, de vous flairer, ne bougez pas, soyez de marbre apparemment, et laisser couler tous les bleus et les ors veinés dedans.

lundi 20 décembre 2010

bons baisers d'ici

"Nous ne sommes qu'un atome de poussière au milieu de l'univers. Et, en même temps, notre situation qui ne manque ni d'espace ni de beauté, offre prise au travail."
[Chögyam Trungpa :
Le mythe de la liberté - photo futura-sciences]

vendredi 17 décembre 2010

bons baisers de mon travail

Autrefois (quelques dizaines d'années), on s'envoyait ce genre de cartes postales : les gens étaient au travail, ils avaient l'air d'être ensemble. Ce n'était pas bien joli, pas la côte d'azur avec des palmiers bien sûr, mais peut-être qu'il y avait tout de même une sorte de rêve là-dedans, ça semblait digne d'intérêt en tout cas, pas retouché avec photoshop, plutôt un bazar un peu crassouille dont on n'avait pas honte, rien que de très normal quand on met les mains à la pâte. (venez visiter l'usine ici)

samedi 11 décembre 2010

Nagasaki, qui ?

Tiré d'un fait divers, Nagasaki relate l'histoire d'un homme qui subodore que quelqu'un vit à son insu dans son domicile. Shimura-san installe une caméra de surveillance et découvre qu'il s'agit d'une femme. Il appelle alors la police...
En mon absence, il semblerait que des personnes viennent passer un moment ici. Sachez qu'il n'y a pas de caméra de surveillance, malgré la grande envie que j'aurais de vous y voir. Servez-vous largement dans le frigo, et piquez un roupillon si cela vous tente. En opérant ce parallèle, la fin de Nagasaki n'est pas sans s'avérer troublante. Nous apprenons en effet que la maison de Shimura-san se trouve être la maison d'enfance de cette femme jetée à la rue. Habiter un espace virtuel, n'est-ce pas tenter de revenir avant même la naissance, avant que nous ne fussions jetés à la rue ?

vendredi 10 décembre 2010

missions pas faciles, pas faciles du tout



Comment accepter que le monde ne tourne pas comme nous voulons ?
Comment accepter qu'autrui ne tourne pas comme nous voulons ?
Comment accepter que nous-même ne tournions pas
comme nous voulons ?
Vous le saurez en lisant
Pratique de la voie tibétaine
de Chôgyam Trungpa.

Et comment accepter que mon texte ne se place pas
élégamment à côté de la musique mission impossible ?

mardi 7 décembre 2010

quelque chose bouge dans la cour

Des jeunes gens de ma connaissance ont acheté deux magnifiques poules de Barbezieux, avec l’idée de se fournir en bons œufs frais. Ils construisirent dans le jardin de la maison un petit poulailler et regardèrent avec amour les deux gallinacées passer dans leur champ… de vision. Las, leur maison se situe au cœur d’une ville, et les voisins n’apprécient pas du tout que les belles viennent leur rendre parfois visite. Hier, les voisins courroucés sont venus sonner à la porte des jeunes gens : « Il est interdit d’avoir des poules en ville ! », menacèrent-ils.

Dans l’émission Les pieds sur terre (France Culture, 6 décembre 2010) intitulée Histoires de clochers, j’ai entendu qu’un citadin installé à la campagne se plaignait d’entendre les moutons respirer. Un paysan qui s’était fait voler trois poules déclarait : «C’est dommage, ça faisait quelque chose qui bouge dans la cour.». J'ai parfois vraiment peur que l'homme oublie ce que c'est qu'être vivant.

lundi 6 décembre 2010

dans une petite boîte

Ce n'est pas pour faire genre Cosette, mais je dois dire qu'il y avait très peu de jouets à la maison quand j'étais petite. Du coup, tout était susceptible de le devenir. Les boutons en étaient de fabuleux. Il fallait inventer la règle, qui pouvait varier à chaque partie. La règle n°1 consistait à les observer un par un : j'aurais presque pu donner un nom à chacun, et l'envie me prenait parfois d'embrasser les tout petits boutons de nacre. Quand j'allai pour la première fois au bord de la mer, je vis que le même jeu s'offrait à nous avec les galets, comme un cadeau à perte de vue. [photo piquée ]

samedi 4 décembre 2010

bergère de france

Emportée par mon élan, celui du Grand Nord, j'ai tricoté cette couverture blanche pour les prés alentour. Les moutons sont dessous, ils dorment tard. J'adore quand leurs têtes émergent soudain : de grands yeux tendres qui me demandent ce qu'il y a au petit déjeuner. [Photo Dominique Hérody]

vendredi 3 décembre 2010

une maille après l'autre, tranquillement

Larry m'a mis son tricot entre les mains. C'est Emily au départ qui lui a lancé ce défi : me faire une écharpe pour Noël. J'avais oublié ce genre d'ouvrage, me contentant depuis longtemps de vêtements et accessoires (comme on dit) manufacturés (on devrait plutôt dire "mécanofacturés"). Or, je m'aperçois que j'éprouve une vraie joie à tricoter. Cela demande une douce et chaleureuse attention, maille après maille, et à se tenir entre la tension (des mailles trop serrées feront une écharpe dure) et le relâchement (des mailles trop lâches feront une écharpe molle). Le geste est d'une merveilleuse simplicité, l'écharpe se forme instant après instant de l'entrelacement du vide et de la laine. Parfois, je pense au mouton. Pourvu qu'il n'ait pas froid, quelque part dans un champ.

jeudi 2 décembre 2010

un concours, une légende

Quand on lutte contre l'ego, il faut parfois lâcher prise dans cette lutte là aussi. Et donc me voilà à la remise du Prix Thyde Monnier. Mon ami Laurent photographe et écrivain me suggère le concours : quelle légende pour cette photographie ? Pour ma part, j'ai horreur de faire tapisserie, même en si bonne compagnie. Comme je regrette qu'on danse si peu de nos jours ! Savez-vous que c'est une des raisons de la grande dépression occidentale ? C'est beaucoup beaucoup plus important qu'on ne croit la danse. Il y a pourtant un magnifique salon avec un bon parquet à la Société des Gens de Lettres. Comme à La Casa del Tango, où de vieux argentins très chics murmurent à l'oreille de leur partenaire novice ce mystérieux message : "Oublie qué tou as des yambes".