lundi 28 mars 2016

ramasser les feuilles

Dans la rue, j’ai vu un homme, caparaçonné et armé, en guerre contre les feuilles mortes : c’était bruyant et triste aussi. Je me souviens qu’enfant, dans le jardin, avec un grand râteau je ramassais les feuilles tombées du cerisier. Elles formaient un chaleureux tas, invitant à une nouvelle dispersion. Quand je ne cédais pas à cet appel, j’attrapais des brassées de feuilles odorantes et craquantes, légères comme plumes, que j’enfournais dans un grand sac. L’herbe verte et humide réapparaissait, mais il flottait alors dans le jardin une légère tristesse. Nous regrettions un peu les feuilles, n’est-ce pas ?




jeudi 24 mars 2016

ce genre d'objet

Je suis à la recherche d'un petit objet qui a disparu d'une de mes étagères de bibliothèque. C'est un volume de verre rectangulaire de très petite taille contenant un bonhomme japonais. Le derviche, l'âne, la grenouille, pas plus que l'homme jaune au coeur rouge ou la russe, ne pipent mot à ce sujet. Ils savent qu'un voyage de temps à autre est agréable, ou qu'on a parfois la nostalgie du pays, tout petit objet qu'on soit.




lundi 7 mars 2016

un doux balancement


Voilà plusieurs jours qu’Henry a quitté sa maison, et qu’il marche dans cette forêt du vaste pays américain. Il aime marcher, arpenter les terres dans le mouvement des jours et de leur lumière qui semble, elle aussi, de l’aube au crépuscule, avancer pas à pas. Lui et le jour se tiennent la main, dans un doux balancement, une étreinte parfois si tendre que l’homme a l’impression d’avoir la joue posée sur celle du jour. [Début d'Un peu de poussière, paru dans Le paresseux n°33]