"Je m'interroge au milieu de ma fumée si j'irai tantôt vers la mer à travers les arbres, ou sur le mont accablé de roches, ou bien visiter quelques amis dans leurs demeures ; ou si je laisserai couler purement le beau temps limpide, toute la masse de l'après-midi lente et tiède jusqu'à sa dernière lueur ? Je varie, je me peins le possible et j'efface. Je me dis sans le vouloir que les bêtes ne font rien que d'utile. Même leurs jeux sont de justes dépenses. Mais nous, le trop d'esprit trouble et diffère tous les comptes de notre vie avec sa durée. Nous gagnons, nous perdons du temps, notre solde n'est jamais nul. Je rêve à cette monnaie étrange. J'entends une eau qui chuinte et se suit je ne sais où ; un marteau je ne sais où qui martèle je ne sais quoi... [Paul Valéry". Alphabet]
Je m'interroge aussi.
RépondreSupprimerLe marteau qui martèle,
RépondreSupprimercet écho qui nous creuse.
Pourquoi Valéry se dit-il "sans le vouloir" des choses qui me semblent justes ? C'est joli, ce qu'il écrit des animaux :"Même leurs jeux sont de justes dépenses".
RépondreSupprimerJ'aime bien ce texte.
Ce "sans le vouloir" m'interroge aussi... c'est en même temps assez beau, un peu énigmatique. Je me suis interrogée aussi sur cette utilité dont il parle pour les animaux, qui me semble étrange aussi, presque déplacée. Peut-être que ces deux points se répondent (parler d'utilité... malgré lui).
RépondreSupprimerSoja la miraculée (passée sous les roues d'une voiture mais n'a rien) est toujours aussi délicieuse.