L'homme qui penche est le très beau journal de Thierry Metz, résultant de deux séjours volontaires dans un hôpital psychiatrique, deux ultimes tentatives pour se redresser, quelques semaines avant de cesser d'écrire et de choisir de disparaître en avril 1997. J'aime particulièrement le morceau 56, écrit au Centre hospitalier de Cadillac, en Gironde, début 1997 :
On se croirait parfois assis dans une charrette, dans la campagne, un jour de moisson. Le soleil nous chauffe et même Claude s'est assoupi contre une épaule. Ça sent bon. On cahote sur le chemin de terre et pas une maison, nulle part.
On regarde le grand pavot du monde — très rouge.
Personne ne discute. Le cheval avance lentement. Il ne manque que du vin blanc. Et l'itinéraire.