L'expression
tenir son intérieur semble avoir disparu des usages, et pourtant j'y pense très souvent. Je l'aime bien. Elle évoque avec exactitude cette fuite permanente de l'intérieur de la maisonnée. Fuite vers où ? Mystère. L'animal
intérieur peut vite redevenir sauvage. On ne peut que constater la débâcle, l'abandon du terrain à la saleté, à la poussière, aux moisissures, aux tâches, cette installation d'un désordre qui fait que l'on se cogne aux choses, quand elles ne se jettent pas sous vos pieds ; constater l'ensevelissement, la disparition, la perte.
Il ne faut pas néanmoins tenir son intérieur trop fermement, sinon il vous exclut, vous ne pouvez plus vous y mouler et, comme la corde d'un instrument de musique, il ne vibre plus avec justesse sous l'archet de votre présence.