jeudi 21 novembre 2013

soir d'automne





 en remontant le boulevard ce soir sous la pluie
et le fleuve de la nuit
dans le tamis des yeux les pépites d'or


samedi 16 novembre 2013

tenir son intérieur

L'expression tenir son intérieur semble avoir disparu des usages, et pourtant j'y pense très souvent. Je l'aime bien. Elle évoque avec exactitude cette fuite permanente de l'intérieur de la maisonnée. Fuite vers où ? Mystère. L'animal intérieur peut vite redevenir sauvage. On ne peut que constater la débâcle, l'abandon du terrain à la saleté, à la poussière, aux moisissures, aux tâches, cette installation d'un désordre qui fait que l'on se cogne aux choses, quand elles ne se jettent pas sous vos pieds ; constater l'ensevelissement, la disparition, la perte.
Il ne faut pas néanmoins tenir son intérieur trop fermement, sinon il vous exclut, vous ne pouvez plus vous y mouler et, comme la corde d'un instrument de musique, il ne vibre plus avec justesse sous l'archet de votre présence.


samedi 2 novembre 2013

ça ne sert à rien de courir


Aux deux petites filles qui couraient devant lui en escaladant les bornes de pierre du trottoir, le monsieur-papa lança un autoritaire ça ne sert à rien de courir ! Oui, bien sûr, mais ça, elles le savent très bien les petites filles, ou plutôt ce n'est pas un souci, elles ont juste envie de courir, pour courir, parce qu'avoir deux jambes qui courent sur la terre, c'est vraiment un cadeau, un truc qui ne s'invente pas, qui ne coûte rien, qui ne pollue pas, alors monsieur-papa, vous avez à ce point oublié ?