lundi 29 novembre 2010

le petit chien est dans l'escalier

C’est en cherchant sur la toile un panneau la concierge est dans l’escalier, afin que nul ne s’inquiétât de mon absence momentanée, que je suis tombée sur cette photo. J’adore le rapport de taille entre l’animal et les marches de l’escalier, la position assise un peu de travers, le regard du chien, un peu tristoutounet, mais j’aime bien aussi la pierre, les couleurs, les formes, toute la photo, absolument toutoute la photo. N’empêche, ne perdons pas le fil, ou la laisse, de la conversation : je suis absente pour quelques jours. Facteur, laisse le courrier sur le rebord de la fenêtre, entre le géranium et la statue de la madone.

dimanche 28 novembre 2010

un émail, des mots bleus

Je ne peux plus lire le mot émail dans un texte sans que ne me vienne en premier à l'esprit le sens de : courrier électronique. Or, les mots suivants renvoient parfois à la matière, ainsi "l'émail même de la mer, qui changeait insensiblement de couleur..." [Proust], ou encore "l'émail des dents qu'il faut protéger" [mon dentiste]. Mais durant une seconde, les deux sens se rencontrent, se fondent l'un dans l'autre en suggérant quelque chose d'incompréhensible, puis chacun repart de son côté, le virtuel dans un sens, le matériel dans l'autre. Au passage, ce tour de passe-passe, ce jeu imprévu, a introduit non seulement un peu de fluidité dans mon esprit, mais aussi comme un souffle venant du large.

samedi 27 novembre 2010

un nouvel amour de cousin Douglas

Cousin Douglas et sa nouvelle compagne Christa sont de passage à la maison. Je pensais qu'une nouvelle dulcinée tirerait le cousin de sa dépression, mais elle semble plutôt l'y conforter. Après tout, pourquoi pas. Larry et moi prenons notre mal en patience, surtout à l'heure de l'apéro, quand le couple tient à nous remercier de notre hospitalité par La jeune fille et la mort. Ensuite, nous restons un long moment silencieux. J'aime Schubert, mais je suis inquiète pour cousin Douglas : il semble rétrécir à vue d'oeil.

dialogue et conversation

"Car finalement, si deux personnes entrent dans un dialogue et en sortent inchangées, on peut se demander si le "dialogue" en question n'était pas en réalité qu'une simple conversation, intéressante peut-être pendant un certain temps, mais qui a finalement laissé tout le monde indemne. Non le fruit naturel, pour ainsi dire, d'un dialogue authentique est la conversion (...) il s'agit de cette conversion intérieure qui permet à l'autre d'aller plus loin dans sa propre démarche spirituelle." [Dennis Gira, in Jésus Bouddha. Bayard 2006]. Un chemin n'est en effet pas une ligne droite, sinon c'est une autoroute. C'est triste les autoroutes, on ne voit rien du paysage et leur monotonie engourdit.

jeudi 25 novembre 2010

à la surface et entre nous quelque chose scintille

Du grain argenté a été collé sur le ruban. Ce genre de carte me trouble profondément. De même, les cartes postales de danseuses avec la jupe en vrai tissu. Peut-être le jeu entre une représentation plate, distante et "jolie" dans laquelle mon imaginaire s'engouffre un instant jusqu'à me faire disparaître, et la présence d'une matière que je touche et qui me rappelle au relief de la vie. Que ce ne soit pas une simple image, mais une carte postale participe à cet émoi. Et cette question : les oiseaux voient-ils le ruban ?

mardi 23 novembre 2010

des chiffres et des hommes

Il existe un site qui pourrait s'appeler letournis.com mais qui répond au très sérieux nom (car nous vivons dans un monde très sérieux, ne l'oublions pas) de worldometers. Il diffuse des statistiques mondiales en temps réel. Il me semble très incomplet. Je vous propose de m'aider à répertorier quelques données importantes : nombre de dents transformées en cadeaux par la petite souris, nombre de larmes versées, nombre de pots cassés à payer, nombre de blagues inventées, nombre de Je t'aime murmurés... Je vous invite à y réfléchir (nombre de neurones grillés). (photo trouvée )

dimanche 21 novembre 2010

quelques minutes avant l'exécution

Les arbres sont des êtres vivants. Homme à la tronçonneuse, écoute moi un instant. Avant l'éxécution, je t'en prie, pose ton instrument. Regarde bien l'arbre, son majestueux élancement, le délicat dessin de ses branches, sa frondaison accueillante dans laquelle les oiseaux nichent leurs petits. Touche l'écorce : des insectes y ont établi leur logis, et vaquent à leurs paisibles occupations. De l'ombre qu'il te procurait, il pensait te faire un cadeau, et son tronc aimait toucher ton dos. Que diras-tu à la rivière ? Sa veuve dans son miroir pleure cet affreux départ. (photo trouvée )

vendredi 19 novembre 2010

tu m'as fait tourner la tête, petit piaf

Merci d'avoir chanté à tue-tête tandis que je remontais l'avenue sombre et froide, d'avoir couvert le bruit des voitures, de m'avoir fait lever la tête, vers la lune voilée de brume.

jeudi 18 novembre 2010

amour flou de la réalité

Il me semble que le monde est beaucoup plus vaste que ce que nous en comprenons. Derrière quelles fichues grilles nous laissons-nous enfermer ? Ainsi, nous vivons le flou comme un amoindrissement de la perception, quand il est simplement une autre perception, une sorte de délicieux fondu enchainé de la réalité, un monde tendre et amical de confusion, qui nous fait signe, et que nous ignorons. (photo trouvée là)

mercredi 17 novembre 2010

conquête de l'espace (intérieur)

Conversation de trois moines zen
Le premier dit : - Le drapeau bouge...
Le second : - Non, c'est le vent qui bouge.
Le troisième : - Amis, c'est notre esprit qui bouge.

lundi 15 novembre 2010

hommage tardif à Henri

Le moine Henri de Lausanne est pourchassé pour hérésie en 1116, au Mans, pour avoir déclaré que l’union matrimoniale doit être libérée de toute considération économique, d’intérêt et qu’elle doit être un consentement mutuel. [Serge Chaumier : La déliaison amoureuse. Armand Colin, 1999]

dimanche 14 novembre 2010

mauvais temps pour la pluie

Encore une fois entendre la radio annoncer un mauvais temps pour la journée. J'éteins le poste. S'élève une chanson douce, un mouvement qui joue piano ses gouttes d'eau... Enfants, venez voir, il tombe quelque chose du ciel ! Dans le jardin, les fleurs avaient si soif. Sur la fenêtre la pluie ruisselle. Mais qui joue de ce violoncelle ? Ouvrez les yeux, les oreilles, le coeur et les parapluies ! Fichtre, comme le siècle et les médias manquent de joie et de poésie.

samedi 13 novembre 2010

c'était hier

Pour l'anniversaire de Larry, j'ai fait les choses en grand, un projet original que j'avais préparé aussi discrètement que possible, avec l'aide du copain Ferdinand. Le jour J, nous sommes tous montés à bord. L'erreur fatale a consisté à vouloir tout de suite utiliser la friteuse que j'avais achetée à Larry parce qu'il en rêvait depuis si longtemps. Je sens que la presse, qui préfère les mythes aux frites, va passer sous silence l'origine de l'incendie qui a détruit ce beau zeppelin. Le destin, et c'est tant mieux, n'est pas toujours dirigeable.

dimanche 7 novembre 2010

autres feuilles d'automne

La Société des gens de lettres a décerné, parmi ses prix de l'automne, le Prix Thyde Monnier aux Coeurs fragiles. Thyde Monnier, de son vrai prénom Mathilde, est cette femme qui couche ici ses écrits dans son grand cahier. Elle fut écrivain, auteure entre autres de Nans le berger, féministe, et mourut en 1967. Mathilde, êtes-vous d'accord avec le jury ? Si vous voulez bien, je fais un petit saut pendant votre grand sommeil pour vous lire une des nouvelles du recueil intitulée : "Une nuit agitée"...

jeudi 4 novembre 2010

c'est comme dans un western

Je viens de prendre mon tour de garde. Rien ne bouge, pas une feuille d'arbre, ni une jaune, ni une rouge, ni une vert foncé, ni une marron claire : je les ai toutes à l'œil. Le fleuve coule à peine, lent et lourd, l'air est immobile. La température est encore montée d'un cran. Les derniers migrateurs sont passés dans le ciel, filant droit devant à tire-d'aile. Je suis aux aguets dans le calme étrange de cet été indien. J'ai l'impression que les cowboys ne vont pas tarder à attaquer.