vendredi 31 mai 2013

vacances


Parfois, ma tante nous emportait dans sa deux-chevaux jusqu’à sa maison de campagne à Nanteuil-la-fosse (village rebaptisé de manière plus attractive, quelques années plus tard, Nanteuil-la-forêt). Nous passions la journée dans ce tout petit pavillon imprégné d’une tenace odeur de mastic et entouré d’une parcelle de terrain de quelques dizaines de mètres carrés mais qui paraissait vaste car il jouxtait un champ immense, dont malheureusement des barbelés, avant-poste du dieu Tétanos, nous séparaient. Je regardais les vaches, j’attrapais les papillons, je participais aux tâches de jardinage, je faisais semblant de lire en haut de la butte au soleil couchant. Quand nous rentrions le soir, sur la banquette arrière de la deux-chevaux qui donnait l’impression d’être transportée à dos de chameau, je me donnais des airs de reine en exil. 


Extrait d'un texte paru dans le magazine 
L'Actualité Poitou-Charentes,  juillet-août 2013.





mercredi 22 mai 2013

musique secrète




Quand on épluche les légumes dans le silence, on peut entendre le concert que donnent les lutins installés entre la peau et la chair de la pomme de terre, de la carotte ou du navet. Je parle de vrais légumes, avec de la vraie terre dessus, et du vrai silence. Alors oui, le concert peut être donné.





lundi 20 mai 2013

interminablement la pluie



Je lis actuellement, hasard météorologique, les écrits de Nagaï Kafû, auteur du bel Interminablement la pluie. Internet offre la magie de découvrir des portraits de l'écrivain japonais (1879-1959), tous plus étonnants les uns que les autres. Quand je vois ce genre de visage, cela me rappelle toujours ce qu'avait dit un jour en cours mon professeur de philosophie, à savoir que notre visage est façonné par nos pensées et notre vie.

mercredi 8 mai 2013

« Lorsque l’on a pris conscience de la distance infinie qu’il y aura toujours entre deux êtres humains, quel qu’ils soient, une merveilleuse « vie côte à côte » devient possible. Il faudra que les deux partenaires deviennent capables d’aimer cette distance qui les sépare et grâce à laquelle chacun des deux aperçoit l’autre entier, découpé dans le ciel ».              Rilke