Le chat a disparu, quelques heures, et cela a suffi à affoler sa
maîtresse, car c'était l’heure du thon, celle de la gourmandise savourée à la
tombée de la nuit, le rendez-vous jamais manqué ! Or point de Mimmo. Les
heures passent, la nuit s’épaissit. Elle fume sur le canapé en consumant de noires idées, et soudain ce bruit dans l'obscurité... le museau rose, et tout le
chat noir et blanc arrive en trottinant, bien vivant. Oh merci !
A qui dire merci ? De bon matin, elle pense allumer une
bougie dans l’église de la rue pavée : il y a là des statues qui veillent
et se réchauffent à leurs petites flammes, mais voilà, la
porte de l’édifice est fermée — on est prié de ne pas prier si tôt —, elle poursuit sa route avec sa gratitude sous le bras. Comment
remercier ?
Un rouge-gorge la précède et ouvre son
chemin. Elle le suit des yeux qui disparaît dans la haute
frondaison d’un platane quand soudain, qui la fait
sursauter, une voix retentit juste à côté : — Pardon madame… Elle se
retourne, et se présente un homme qui manifestement, au vu de ses vêtements mal en
point, est dans la panade. — Vous n’auriez pas quelques centimes pour
moi ? De belles pièce brillaient dans son porte-monnaie, qu'elle lui
donna sans hésiter. Ainsi la gratitude partagée fut moins lourde à porter.