et le whisky qui est dans le bas du placard
et les chocolats on the table
------------------------ un jour en haut, un jour en bas, le reste du temps au milieu -----------------------

l'autre jour, à la radio, quelqu'un disait qu'on ne parle plus de travail ni de métiers mais d'emploi ; on est désormais employé, on ne sait pas exactement ce qu'on fait, il faut être polyvalent, faire vite, toujours plus vite. On ne scie plus les grosses pierres sur le trottoir, doucement et longtemps, assis sur sa chaise, une petite clope au bec.
j'ai entendu, dans la pièce à côté, mon mari parler à l'oiseau : nous venions en effet de recueillir un bébé pigeon qui se blottissait obstinément sur le pas de notre porte depuis plusieurs heures, tentant de se mettre à l'abri du vent froid et de toutes sortes d'hostilités ; alors, nous l'avons installé au chaud dans un carton garni de tissu, avec une tasse d'eau et un bol de graines. Je n'ai pas entendu distinctement ce que lui disait mon mari, ce n'est pas important ; ce qui l'est, c'est qu'il sache parler aux oiseaux, et que ses paroles caressent l'air comme un duvet.
le journaliste : bonjour Stéphane, merci d’être venu jusqu’ici. Pouvez-vous vous présenter pour tous ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
"Dix milliards de fois la masse du Soleil. C'est approximativement le gabarit de deux trous noirs géants, les plus massifs jamais découverts jusqu'à présent dans notre coin d'Univers. L'annonce en a été faite par un article publié dans la revue Nature, mercredi 7 décembre. Ces monstres cosmiques, qui battent largement le précédent record (6,3 milliards de masses solaires), résident chacun au centre d'une galaxie elliptique. La première, nommée NGC 3842, est la plus brillante d'un amas de galaxies situé à 320 millions d'années-lumière de nous, dans la constellation du Lion. Un peu plus lointaine, la seconde, NGC 4889, siège dans la constellation de la Chevelure de Bérénice, à 336 millions d'années-lumière. La masse du Soleil étant de 2 milliards de milliards de milliards de tonnes, ces trous noirs supermassifs, comme les appellent les astronomes, font donc environ 20 milliards de milliards de milliards de milliards de tonnes..." la suite de l'article sur lemonde.frTout cela est bien trop ébourrifant, je crois que je vais m'ouvrir une petite bouteille...
(Crédit image : vue d'artiste réalisée par Lynette Cook - Gemini Observatory/AURA.)

j'étais prête à croire que cette histoire de chevreuil vivant le long de l'avenue de Cognac était une légende urbaine, quand je l'ai vu hier matin, sublime de grâce
sur l'étagère, ce Oui, et alors ? qui me met toujours en joie lorsque mes yeux se posent dessus, la petite question qu'il faut toujours avoir dans la poche, pas pour les autres, mais pour soi, pour dynamiter un certain nombre d'importunes cristallisations (du même auteur, ce titre dont j'aime le juste rappel N'essayez pas, vivez)
Évidemment le casier n'est plus de bois, mais les petites bouteilles tiennent bon, elles reviennent chaque année à l'approche de noël, nicher dans les rayons des magasins, et moi je suis heureuse de les revoir, je les trouve toujours aussi jolies, j'en achète une caisse, c'est pas assez, je sais que je reviendrai, je croque le chocolat épais au niveau du goulot, et puis hop, la liqueur.
farfouillant dans mes carnets, retrouvé ces deux phrases de Laurie Colwin [Frank et Billy] :
Thomas, chausson : "J'ai un trac de tous les diables, on doit danser Casse-noisette aux pieds d'une jolie demoiselle, qui nous a choisis la semaine dernière chez Repetto. Mais figurez-vous que Régis, mon frère jumeau, a flashé sur une rockeuse et voilà qu'il veut se faire la malle à la première occasion. J'essaie de le convaincre que ça va pas le faire pour lui dans ce milieu-là, mais il veut rien entendre. Il a la tête dure, c'est de famille. Bon, allez en attendant zou, en piste !
Pour les besoins de ma profession, je surveille les sujets des thèses publiées. La lecture des titres est souvent un moment de perplexité. Dans cette perplexité, un mélange de sensations qui pourrait donner lieu à un titre fort savant si je voulais bien y consacrer quelques années d'étude...
Ecrire un roman ? Cela me semblait une montagne. Une fois, j'ai tenté l'aventure, chargée d'un barda. Je suis restée coincée à mi-parcours, rapatriement sanitaire. Habitué des cimes, Pablito me disait : - C'est quand que tu y retournes ? Je levais les bras au ciel : - Ouh la ! Je bouge plus d'ici moi. Aller où ?
"Notre conscience normale est un état d'engourdissement où notre sensibilité à la réalité absolue, où notre réaction aux impulsions de l'esprit sont fortement affaiblies. Les mystiques, connaissant l'insertion de l'homme dans l'histoire secrète du cosmos, s'efforcent de secouer l'apathie, la somnolence qui pèse sur les âmes enchaînées, et de ramener à un parfait éveil leurs âmes engourdies" [A. J. Heschel : Les bâtisseurs du temps. Minuit 1957 / fresque de Giotto].
"Je m'interroge au milieu de ma fumée si j'irai tantôt vers la mer à travers les arbres, ou sur le mont accablé de roches, ou bien visiter quelques amis dans leurs demeures ; ou si je laisserai couler purement le beau temps limpide, toute la masse de l'après-midi lente et tiède jusqu'à sa dernière lueur ? Je varie, je me peins le possible et j'efface. Je me dis sans le vouloir que les bêtes ne font rien que d'utile. Même leurs jeux sont de justes dépenses. Mais nous, le trop d'esprit trouble et diffère tous les comptes de notre vie avec sa durée. Nous gagnons, nous perdons du temps, notre solde n'est jamais nul. Je rêve à cette monnaie étrange. J'entends une eau qui chuinte et se suit je ne sais où ; un marteau je ne sais où qui martèle je ne sais quoi... [Paul Valéry". Alphabet]
Les moisissures qui apparaissent sur un yaourt fait soi-même avec du lait de vache issu de la ferme sont infiniment plus variées et joyeuses qu'avec un yaourt industriel. Peut-être la vache qui donna le lait y est-elle pour quelque chose ? Je ne la connais pas personnellement, mais je me demande si ce n'est pas Marguerite ?(photo sans retouches ni trucage)
Marguerite De la Ferme du Manège Enchanté
Ce matin, en traversant la passerelle au-dessus de la Charente pour rejoindre mon bureau, le tourbillon de la fête m'a emportée. Je me suis dit : oui, c'est vraiment ça la fête ! Le soleil qui se reflétait dans l'eau, les ombres des feuillages sur le pont de bois, le ciel bleu zébré de trainées blanches, vaporeuses, la caresse légère du vent, le silence percé de cris d'oiseaux, le rire des canards.

Entendu à la radio il y a quelques jours l'écrivain David Grossman dire qu'on écrit pour réinjecter du sens et de la beauté dans le monde. Cette phrase me poursuit. Cela me semble assez juste. C'est un sacré gros travail, qui demande à apprivoiser le grand désordre intérieur. Comme en témoigne cette page d'un manuscrit de Marcel Proust. De plus, il y a des fuites partout tout le temps dans le monde (le fond du monde est percé, savez-vous ?), c'est pourquoi il faut sans cesse réinjecter... Je crois qu'il y a aussi une grosse fuite de couleur sur mon blog, il faut que je trouve à colmater vite fait... mais, d'où vient donc tout ce blanc ?
Chaque matin, je trouve au beau milieu du salon : un cadeau. C'est elle. Il y eut la série chauve-souris, et ce matin... une grosse guêpe. Quand la chasse nocturne s'avère infructueuse, je trouve alors une plume de pigeon, qui manifeste qu'on n'a pas oublié, mais que... L'autre jour, une demi-coquille de noix, servie au lit. L'époque approche des migrations d'oiseaux, lesquels passent chaque saison juste au-dessus de la maison. J'espère que miss Bertillot saura se montrer raisonnable. Car elle a, comme moi, un poisson derrière la tête... hum, je me demande si c'est bon signe.
Entendu à la radio ce matin au journal d'information : "Ouverture de la chasse, cette année le gibier est abondant..." La langue du journaliste a fourché, il a voulu dire : "Des biches, chevreuils, lapins, sangliers, toutes sortes de merveilleux animaux sont en train de gambader de manière insouciante dans les forêts et les champs...". Ce rectificatif opéré, je me permets de poser un baiser sur le nez du-dit monsieur, et de lui conseiller de faire attention en marchant dans les couloirs de la maison de la radio, car j'ai entendu, sur Radio-Sanglier, que la chasse au speaker venait d'ouvrir également.
"La fausse liberté, l'apparente liberté, que l'on ne cherche à obtenir que par des dispositions extérieures, est une erreur, un chaos, un désert où rien ne saurait pousser que les herbes amères de l'angoisse et du désespoir. C'est naturel, car ce qui possède une valeur réelle et stable est toujours comme un cadeau qui vous est fait de l'intérieur. Tant il est vrai que la croissance de l'homme ne s'effectue pas de bas en haut, mais de l'intérieur vers l'extérieur. Voilà la condition fondamentale de toute liberté de la vie. Cette liberté n'est pas un climat social créé artificiellement, c'est une attitude, obtenue au prix d'une lutte incessante, envers soi-même et envers le monde." [Franz Kafka. Conversations avec Gustav Janouch. Nadeau 1978]
Une mienne collègue rentrant de vacances déconnectées de toute actualité, sans télé ni radio ni journaux, me déclarait récemment que revenir à la réalité : "c'est violent !" Marchant dans la campagne, je me demandais ce que c'était, "dans le temps", de vivre sans être bombardé à chaque seconde d'informations en tous genres. Un coucou me répondit : Coucou. Oh l'oiseau, merci !
Aujourd'hui on fleurit les jachères ; on fournit aux champs leurs loisirs en sachets de cent graines. Plus question aux prés de s'ennuyer, ni de s'abandonner aux seules graines portées par les vents, et aux couleurs aléatoires. Ah, s'il vous plaît, laissez quelques champs d'herbes tristes et folles. Oui je sais, j'en fais toujours tout un foin.
A l’heure du grand chassé-croisé de l’été, rappelons quelques consignes de base : « ouf » pour avancer ; « ouf ouf » pour accélérer, et « ouf ouf ouf » pour freiner. Mais surtout, rester attentif.
Alors qu'hier, je ne sais pourquoi, je posais la question : que faire dans un m2 ?, paraît aujourdhui cette information : une maison d'un mètre de large va être construite à Varsovie. Ce sera la plus petite maison d'Europe. Je me demande parfois pourquoi j'écris des trucs abracadabrants, mais finalement, c'est juste que quelque chose en moi en sait plus que moi. Dans mon cerveau ? Ce bazar qui déplié fait deux m2 et ne tiendrait pas dans cette maison ? [en photo : coupe de la maison]
Le schéma ci-joint va vous permettre d'apprendre les pas de base de la salsa. Oui, vos pieds sont loin de votre tête, mais nous n'y pouvons rien. Si vous êtes sujet au vertige, n'insistez pas. Pour faciliter vos débuts, portez une chaussure blanche et une chaussure noire, comme indiqué. Ne mettez pas de musique, vous pourriez déborder. Vous voyez, il n'est pas nécessaire de disposer de grands espaces pour vivre de grandes aventures...
Qu'est-ce que la paix ? "C'est le bien être ressenti quand on considère le nombre infini de paires d'opposés comme complémentaires (...) En cultivant minute par minute la curiosité, nous pourrions bien découvrir, jour après jour, que cette sorte de paix naît en nous et commencer à comprendre ce dont ont parlé tous les livres." Pema Chödrön.
... Babette, caravane à Saint-Privat (Ardèche) : "J'en ai connu des paysages, embrassé des virages. Je vous assure que je suis bien ici, je remercie le bon dieu de me laisser couler des jours tranquilles, au bord de l'herbe, avec les enfants qui jouent : ce serait notre maison, qu'ils disent les yeux pétillants ! Quoi rêver de mieux ?"
J'ai longtemps cru qu'il y avait quelque chose d'important à faire, un truc essentiel, je ne savais pas quoi, une pièce maîtresse à trouver, qui apaiserait une anxiété sans motif. J'aperçois maintenant, par moment, clairement, qu'il n'y a rien de spécial à faire. C'est un vrai soulagement. Curieusement, les trois quart de l'angoisse disparaissent alors, et le quart qui reste, je l'aime.
"Comme l'a dit Carl Jung à la fin de sa vie : Je suis étonné, déçu et content de moi. Je suis affligé, déprimé et enthousiaste. Je suis tout cela à la fois et je ne peux pas en faire la somme."
Dans un film, François Truffaut dit à une petite fille qui pleure : "Tu es triste, tu pleures, mais... cherche bien... est-ce que tu ne sens pas au fond de toi, en même temps, une toute petite joie ?". Cette phrase m'avait marquée, parce que je n'y avais jamais songé, mais combien elle me sembla juste ! Tout au fond de soi, une petite braise, sur laquelle doucement souffler. Indépendamment de tout, une liberté.