C'était facile pour nous à l'époque d'aller de la terre au ciel, de placer nos petits pieds dans les cases, dans la logique rassurante des chiffres. De la terre au ciel, un seul chemin possible, on n'aurait pas osé en inventer d'autres, même pas remplacer les chiffres par des lettres, ou des fleurs, ou des têtes à Toto... On n'osait pas non plus penser au 8 qui, couché, ouvrait la porte de l'infini. Je ne me souviens plus des règles exactes de la marelle, mais bien des sensations physiques : équilibre sur un pied, assurance sur les deux, une impression de légèreté à pouvoir toucher les nuages, puis tout aussitôt celle de peser quinze tonnes à s'enfoncer dans le goudron. Au ciel, on était content d'arriver, mais on y était décidemment trop seul. Regagner la terre, c'était retrouver toute la bande et se sentir juste un peu fier d'avoir réussi à parcourir tout ce chemin, fut-ce en clopinant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ecrire un commentaire :